Fin de semaine, arrivée plus vite que je ne l'imaginais.
Le travail m'a donné une nouvelle perception du temps. Week end salvateur cependant. Du repos, et surtout, surtout, une nouvelle coloc. S'annonce bien plus agréable que la précédente, sur de nombreux plans. Adieu donc, bus arlésiens, adieu fourmis du petit dèj, et à jamais, tout le reste. Au rang des nouvelles excitantes, j'ai reçu une réponse positive à ma candidature pour être le reporter images de l'expédition sur l'Oyapock pendant 5 jours, en mars. Plus qu'à présenter le projet à mon rédac chef. Impatient. Aujourd'hui, j'ai couvert, entre autres, la parade de carnaval des Ti moun. Si le créole vous est encore trop abscons, ce sont les tout petits. Belle ambiance, bonne musique aux accents brésiliens, et surtout de bon augure pour le défilé des grands, dimanche. J'en serai, et peut-être en sortira un diapo photo/son. Après avoir passé une nuit à jouer au générateur d'insultes en créole, réveil et découverte de la double publication de mon reportage.
Une page papier, et un titre sur le site web, avec diapo photo. C'est ici. Journée de travail moins intense que les précédentes. Fait du jour, et ça devait arriver, la première engueulade de terrain. Une sorte de baptême. Appelé par un collectif de profs lassés de se faire tabasser par leurs collégiens en sortie de cours (oui, à coup de bouteille de verre), j'assiste à la réunion de crise qu'ils tiennent avec la directrice. Cette dernière apprécie moyennement la présence de la presse et me le fait savoir directement et publiquement. "C'est pas moi qui vous ai invité, votre canard est un torchon, et je me réserve un droit de réponse sur tout ce que vous écrivez". L'aigreur incarnée. Heureusement que j'avais mon sourire des grands jours avec moi et ma répartie de gala. J'ai frôlé le conseil de discipline du collège. M'en fous je serais venu avec ma bouteille de bière vide et aiguisée. C'est comme ça que ça se passe ici. Bonus du jour, le diapo photo/son du reportage sur la descente dans la cité Mango. Reportage que vous retrouverez, dans la section... Reportages. La bien nommée. Une bonne journée de plus.
Je me suis rarement connu satisfait tant de jours consécutifs. Ecriture et montage de mon reportage d'hier. J'ai droit à une pleine page et deux photos pour mon sujet dans le journal de demain. Pas moins. J'ai préparé également un diapo multimédia que je posterai dans la rubrique reportage du site, toujours demain. Tout vient à point. J'ai a priori trouvé un nouveau logement, déménagement prévu (et espéré) dès ce week-end. Moment hilarant du jour, une engueulade musclée entre un Guyanais et un Chinois. Le tout en créole. Juste génial. Pour mes lecteurs désireux d'enrichir leur catalogue d'insultes, j'ai dégoté: Le générateur d'insultes en créole. C'est cadeau. De retour du fameux sujet..
Cet après-midi, la police de Cayenne mettait en place un dispositif très spécial. Et pour cause, opération secrète de démantèlement d'un réseau de dealers Guyaniens (habitants du Guyana, pas de Guyane). Dans un quartier bidonville, la brigade anticriminalité, les forces spéciales d'intervention et les services de Douanes s'apprêtent à mettre un terme à 15 jours de planque et de surveillance des trafics. La grosse descente. Je me retrouve journaliste 'embedded' (embarqué) au milieu des forces d'intervention. Gilets pares-balles, fusils divers et briefing hollywoodien. Avec photos et surnoms des suspects, plan d'attaque détaillé et consignes strictes. Je ne détaillerai pas le déroulé des opérations aujourd'hui, car le reportage est en cours d'écriture, et je le publierai ici après sa sortie dans la presse. Mais à journée spéciale, post spécial. Ce sont deux photos que je poste du reportage. Une vue...contrastée. Petit post aujourd'hui car grosse fatigue. Contrecoup du hamac.
Journée active, encore. Rencontre de mon rédacteur en chef, enfin. L'équipe du journal est presque au complet, ça tourne bien et c'est plaisant d'y travailler. Deux sujets à traiter aujourd'hui, de la politique avec l'accueil d'Haïtiens, et une expo freaky. Une collection de 9000 insectes, certains vivants. J'ai pu me frotter à une matoutou très sympa. L'essayer c'est l'adopter. Dire que j'ai mangé une de ses congénères au Cambodge... Demain, je couvre un truc qui s'annonce vraiment dingue. Rien à dévoiler aujourd'hui. Pas le droit. Charmes d'une route de nuit.
Je pensais somnoler tout le long. C'était sans compter sur les goûts musicaux du 'pilote' de taxico. Zouk créole à 3h du matin. Pendant les 4h de route. Rude. Dépose au bac de Saint-Laurent, le long du Maroni. Sur l'autre rive, le Surinam. Saint-Laurent, ses garimpeiros brésiliens, ses Bushinenge Saramaca, et ses innombrables Chinois. On fait rapidement le tour de la ville et de ses quelques rares commerces. Avant un petit dej merité, achat du journal (France-Guyane, le seul l'unique) chez un des personnages de Saint-Laurent: Jean-Claude, ancien légionnaire, toujours habillé d'un treillis. Aujourd'hui il est vendeur de journaux, machettes et pornos. Pas incompatible. Pour la journée, excursion au Surinam. Et sans le visa requis. Accompagné de Chloé et son frère, nous partons chercher Budju, dans son quartier, le réputé infréquentable 'La Charbonnière'. Budju est haut en couleurs. Il s'appelle Das, mais tout le monde l'interpelle sous son patronyme, relique de son ancien groupe de rap, le Budju Band. Il a aussi été chasseur en forêt, orpailleur pendant deux ans, et aurait fait un service militaire en France puis un au Surinam. Aujourd'hui, Budju tient le Budju Bar et a la réputation d'avoir le nez toujours trop poudré. Coup de chance il part remplir son frigo de boissons en prévision de la prochaine soirée. On embarque sur une pirogue badgée 'Barack Obama', et traversée du Maroni. A Albina, Budju est littéralement chez lui. La ville n'a de raison d'exister que par sa localisation, en face de la Guyane, en face de la France. On y reviendra. Tout y est moins cher, et Budju repartira chargé de palettes de boissons chimiques et étranges. Il nous invite à manger chez un ami Javanais. Tous les commercants, tous les restaurateurs sont asiatiques. Comme en Guyane. Un peu marre de la combo riz/poulet. Le vrai plus de ce week-end à Saint-Laurent, c'est son attrait journalistique. On trouve ici le CHOG (Centre Hospitâlier de l'Ouest Guyanais). Et avec lui foison d'histoires. Des plus glauques et indicibles sur des bavures de médecins incompétents aux incohérences d'un système médical inadapté. C'est ici aussi que viennent nombre de Surinamais pour se faire soigner, sans sécu, sans couverture. Le service pédiatrique est aussi particulièrement encombré. On perçoit vite l'intérêt d'accoucher sur le sol français.. J'apprends aussi que le gros des chiffres de l'expulsion du ministère d'Eric Besson se fait en Guyane, principalement dans la région Ouest, ou l'on ne compte plus les Brésiliens, Surinamais et Haïtiens (en sursis pour le moment) renvoyés. Nuit de samedi à dimanche passée en hamac. Une moustiquaire mal installée, un foyer actif de dengue dans la région et des piqures plein le corps. J'en saurais plus dans quelques jours. Dimanche, pas eu le temps de visiter le camp de la Transportation, un temps médiatisé par Albert Londres. Tant pis, je reviendrai bientôt. Un retour à Cayenne marqué par un contrôle militaire à Iracoubo. Le commis contrôle les papiers, bloque sur mon passeport et s'en va 5 bonnes minutes. Petite suée incontrôlée de mon côté. Il revient avec son chef, hilare, pour m'annoncer que lui et moi avons le même nom. Engagez-vous qu'ils disaient.. Fin de semaine. Pas loquace ce soir. Je pars cette nuit, à 3h, rejoindre Saint-Laurent. La tentative sera la bonne, celle du week-end dernier était un acte manqué. Je verrais si ce qu'on dit de la ville-frontière avec le Surinam est vrai. La légende veut qu'elle était plus sûre du temps ou les bagnards étaient dans les rues. Ca promet.
Pas de post demain car pas d'accès à Internet. |
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Mars 2012
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