J'ai couvert un sujet sensible et été confronté à mon premier réel problème déontologique de journaliste.
Une cinquantaine de demandeurs d'asile Colombiens et Equatoriens (dont beaucoup d'enfants) a investi un immeuble vide depuis trois ans. Il appartient à une congrégation de religieuses.
Plainte a été déposée pour violation de propriété et dégradations supposées.
Les tractations tendues, l'agressivité de la police, et les arguments xénophobes et inhumains ont achevé de me dégoûter encore un peu plus des gens.
Un demandeur d'asile ne peut légalement pas travailler. Et sans argent, pas de logement. On leur reproche de squatter sauvagement un bâtiment dont on a même pas l'utilité. Bien sûr, les religieuses lui trouvent soudainement un intérêt vital...
Eu envie de vomir plusieurs fois. Tenté d'en raisonner certains, menacé de poursuites par les flics. Le top.
Les Colombiens m'ont demandé de ne pas publier leurs visages dans le journal. Certains ont fui leur pays en y gardant de la famille. Une publication les mettrait en danger. Et en Guyane, les institutions risqueraient de ralentir encore un peu plus leur procédure de demande d'asile. Mon choix était donc fait, et mon engagement donné.
C'était sans compter sur la décision éditoriale du journal, de montrer les gens en Une. Car des visages, c'est plus vendeur. C'est sûr.
Ca n'est qu'un article, pourtant il peut avoir des conséquences dramatiques sur des gens qui ont déjà leur lot de détresse.
J'ai obtenu un floutage, j'éspère qu'il sera suffisant.
Amer constat.