Rentré. Je retrouve les claviers accentués. Début de l'editing des photos. Il sera long. Je commence par le reportage sur les plongeurs du sel, à El Sod.
En ligne très vite. B/ Partir et mieux revenir. Je quitte le Sud, trop vite a mon gout. Je serais reste des semaines, voire beaucoup plus. Beaucoup de projets ont germe, en peu de temps. Mais la route du retour est longue, ses trajets eprouvants.
En quittant le Sud, je m apprete aussi a quitter l Ethiopie. Mon retour en France est avance d une journee. Pays de diversite extraordinaires, pays fier et emouvant. Je l ai promis, je me le suis promis, je reviendrai. Mon actualite immediate est a Paris, mais elle sera teintee d Abyssinie. Gros editing photo a prevoir, montage, ecriture, diffusion, publication. Merci aux lectrices et lecteurs du blog. Fideles ou de passage, merci pour les messages et les encouragements. Aux co-producteurs du reportage sur les Falash Mura, la suite, tres vite. B/ @ Addis Airport. Boosa a les yeux les plus extraordinaires qui soient. Comme les Borana, il est tres fonce, rien a voir avec les Ethiopiens du nord. Les Borana vivent sur un vaste territoire qui s etend du Nord du Kenya jusqu a 200 kms dans les terres ethiopiennes. Aucune contrainte de frontiere.
L histoire des yeux de Boosa comme toutes les histoires ici a une portee mystique. Sa mere, lorsqu elle etait enceinte a croise en se rendant au puits, un etrangert avec des yeux d un bleu glacial et profond. Elle voyait cette couleur pour la premiere fois, et le choc fut si fort que son fils naquit qvec les `yeux de Farenji`. Pour les habitants du village d El Sod, Boosa est dote de pouvoirs surnaturels, il peut predire le sexe des enfants a naitre. La journee commencait mal. Entre les batailles rangees entre chiens et hyenes, et les camions de contrebance du Kenya qui traversent le village toute la nuit. Les pates au thon du reveil, a 6h, n aidaient en rien. Mais c est aussi ca le couchsurfing local. Et pourtant, malgre l absence de sommeil, grosse journee de productivite. J ai enfin reussi a convaincre Boosa de faire un portrait, le persuadant que je ne volerai pas son ame en le photographiant. Seconde journee dans le volcan. Epuisant, mais moins que le boulot d extracteur de sel. Me suis fondu dans la vie du village, et je me dois de revenir sur ce qui a pu etre ecrit sur ce blog les jours precedents. Le khat agit, et pas qu un peu. Le tout est de savoir prendre le temps, bien entoure (30 personnes essayant de m apprendre l oromique), et d arroser le tout a bon escient. Stimulation cerebrale totale, peut etre trop. La journee s acheve joyeusement, mais on me previent qu en raison de la secheresse ambiante, commerce et traffic routier dans ma zone sont limites. Je ferais mieux de prendre le bus de nuit vers Dubluck afin de demain, peut etre, trouver un moyen de rejoindre une vraie ville. Chose faite, et a nouveau sur la route, carnage. Un camion-plateau rempli de vaches est renverse sur le bord de l asphalte. La moitie du betail est predecoupee, pour les hyenes.. Les trois occupants du camion sont vivants, mais bien esquintes. Premier boulot avec les passagers de mon bus, degager les animaux morts de sous le camion, et liberer les vivants. Etrange priorite. Tres lourd une vache. Un des blesses commence a gueuler serieusement et en appelle a dieu, encore lui. Je donne les instructions d arreter de le deplacer dans tous les sens (j ai suivi la formation croix rouge a la tele, avec Adriana Karembeu), et voila qu on me croit medecin. Je dois veiller sur lui et le sang de sa joue arrachee perle deja sur mes genoux. Engagez vous qu ils disaient.. Arrivee a Dubluck, epuise, tres tard. Toujours pas d electricite. Je trouve refuge chez une famille, la nuit sera courte. C est bon de se sentir vivant. A El Sod, pas d electricite. La vie est regie par le dieu soleil, et lorsqu il disparait, toute activite avec lui.
Ai trouve un couchage dans une hutte, 100 pour 100 de chances de me reveiller des signatures de `bedbugs` plein le corps. J ai deja les stigmates de toutes mes rencontres nocturnes avec les moustiques et autres tiques de toute l Ethiopie. Ai passe presque toute la journee dans le cratere du volcan d El Sod. 1h30 pour y descendre, 2 pour en sortir, et pas aide par mon genou en mousse. Communication peu aisee, mais j ai trouve un fixeur qui parle mieux anglais que les chevres du village et traduit pour moi en oromique. Mon amharique ne me sert plus a rien, je dois repartir de zero. Ali, mon fixeur a la particularite assez rare pour etre notee d etre un musulman converti au christianisme. Car, je cite, ``le Coran et les preches sont en arabe, on y comprend rien, et que pour parler a dieu, c est plus facile dans une langue qu on maitrise``. Cqfd, logique implacable. Et dieu parle amharique. Je retourne dans le volcan demain matin, les premieres images sont encourageantes, et j ai du son. Les Borana chantent quand ils travaillent, pour s encourager. Je continuerais bien, mais ma bougie aussi, a une fin. B/ Arrrivee a Yabelo, apres deux jours de trajet, vide. Parti d Addis hier matin, assis dans l allee centrale d un bus antique, et six changements de vehicules depuis. Hier soir a Awasa. Rencontre avec des medecins locaux, plan de l annee, un d eux m offre le covoiturage en ambulance. Une grosse, avec la sirene et les gyrophares. Reve de gosse du camion de pompiers presque realise. Presque, parce que les horreurs de la route en Ethiopie laissent un gout ecoeurant. Apres une heure en ambulance, traversee d un village de montagne, terreur sur les visages, foule paniquee. Dans le ravin, un enorme camion de marchandises, retourne. Sous lui, deux huttes, autant d habitants. Sur la route, vingt metres de sang en trainee. Hurlements. Peut etre l occasion de faire profiter de l ambulance a des passagers qui en ont plus besoin que moi.. Meme plus la peine de proposer, tous les protagonistes sont en puree. Nous continuons la route en diminuant la vitesse de moitie, le chauffeur de l ambulance, qui a du en voir d autres, est livide. Je suis lache a Hager Mariam, qui n apparait sur aucune de mes cartes, et fais le chemin en stop-escroquerie jusqu a Yabelo, et son motel qui ressemble au Bagdad Cafe, le charme en moins, les mouches tsetse en plus. La route c est aussi l opportunite sans cesse retrouvee, de rencontres cocasses, d ouvertures nouvelles et d exacerbation des sensibilites. Demain, avant la levee du jour, je devrais pouvoir aller au volcan de sel d El Sod. B/ Retour d Harar, et envolee pour Paris de Dany, non sans galeres. Volcans, Zanzibar, deroutages.
Derniere soiree a Addis avec l extraordinaire Dr Hodes, son equipe et son open-house du bonheur et de l humanite totale. Avons ete a l aeroport accueillir des patients de retour de chirurgie au Ghana. Hodes fait partie des personnes trop rares sur Terre dont on peut dire avec fierte qu on les a rencontrees. Derniere nuit loge chez un nouvel ami, et direction, le Sud. J espere arriver jusqu a Yabelo, petit village a la frontiere kenyane. La bas, la tribu Borana vit de la collecte de sel qu elle va chercher au fond de vieux volcans. Tres, trop envie de voir ca. Aucune idee de comment j y parviendrai, je prends un premier bus a Addis dans quelques minutes, jusqu a Awasa ou Shashemene (la concession accordee par Haile Selassie aux Rastafaris), puis stop en camion a priori. C est tout l interet du voyage. Sur la route Ceci est mon dernier post avant environ une semaine, je n aurai pas d acces a internet. Pour les messages urgents et moins urgents, je suis joignable au +251 92321 0968 (appels uniquement). Comme me l a dit le Dr Hodes hier soir : AMFYOYO (Adios Motherfucker, You`re On Your Own) Je serai de retour en France le 1er juillet. B/ A Harar, une histoire raconte que lors d une grande famine, les hommes, de peur d etre devores par les animaux entourant la ville, ont scelle avec eux un pacte de cohabitation. Depuis, tous les soirs, un homme devant les remparts de la vieille ville promene ses carcasse de viande, et surgissent de l obscurite les plus disgracieux des memmiferes.
Scene surprenante, et ambiance sonore assuree par les os brises, et les rires des hyenes, qui peut etre se moquent de leur condition. |
www.benjaminhoffman.frArchives
Mars 2012
Categories
Tous
|