Nous partons en petite équipe pour repérer ou défricher des sentiers et rejoindre les entomologistes après leur première nuit de piégeage lumineux. La chasse semble avoir été bonne. La technique est simple. Un drap blanc tendu, deux ampoules à forte intensité, et une bonne dose de patience et de savoir-faire. Le rhum aide, aussi.
Dès le débarquement sur l'île apparaissent les premiers vestiges du bagne qui a été installé. Ici un puits, là un escalier. Au sol même, des tessons de bouteille vieux de plus d'un siècle. L'ascension se fait non sans mal et frayeurs.
Fidèle à ma chance légendaire, je réussis en une heure de marche en forêt à me faire bouffer le pied par des fourmis rouges, et surtout, me faire transpercer la main par un tronc d'Awara. En glissant sur une pierre, je me suis accroché à la première prise. Pas de chance, j'ai saisi à pleine main les millers d'épines de l'arbre. J'ai la main droite complètement infectée, boursouflée et pleine d'épines qui ne sortent pas. J'ai deux doigts paralysés, bien pratique. On me dit que ça ira en s'arrangeant. Encore heureux.
Quelques bâtiments du bagne sont admirablement conservés, certains murs sont toujours debout grâce aux racines qui ont poussé et s'enchevêtrent à travers, et les cachots de 2m sur 3m laissent entrevoir les conditions de survie des prisonniers. De toute façon, le confort leur importait peu, tous mouraient de la fièvre jaune en quelques semaines.
Quelques singes hurleurs se font entendre, impossible de les voir. Après-midi à travailler (légèrement) sur le bateau. On refera un passage de nuit sur la montagne, pour aider à l'installation du nouveau piégeage et du camp de nuit des entomo.