J'étais bien plus stressé que pour n'importe quel oral de Sciences Po. Imaginez la scène : seul, face à une trentaine de gosses, en train de bafouiller quelques phrases en anglais, traduites immédiatement en amharique. Où étais-je ? A un cours de théâtre pour les enfants de la communauté Beta Israël. Je crois que je ne m'en suis pas trop mal tiré. En tout cas, j'ai été très applaudi à la fin de mon mini-discours de présentation.
La suite ? Une succession d'improvisations, de chants traditionnels éthiopiens et des leçons de vie à destination des jeunes garçons et filles. Feleke, mon traducteur non-officiel, dirige la séance. Il met en garde contre les méfaits de l'alcool et de la drogue, rappelle l'importance des célébrations religieuses et des rituels. Surtout, il donne aux futurs émigrants le plus important des conseils : ne jamais oublier qui ils sont et d'où ils viennent. Quel que soit leur destin.
A la fin du cours, c'est la douce émeute. Ben est assailli par les gamins, bien sûr émerveillés par son appareil. Les inévitables photos de groupe n'en finissent pas. Mathieu a la côte avec les plus petits, qui se battent pour lui serrer la main. J'arrive à m'isoler et à passer quelques coups de fil nécessaires pour la suite du programme.
Celui-ci s'annonce chargé. Nous avons encore de nombreux lieux à visiter et plusieurs interlocuteurs à rencontrer. Il va falloir jouer serré, car nous pourrions quitter Gondar lundi prochain dès l'aube. Direction : Addis-Abeba. Moyen de transport : le bus. Compagnons de voyage : les familles choisies pour émigrer vers Israël.